Les Officiers Mariniers des Hauts de France
Starboat - Une expédition dédiée à la redécouverte des Vedettes lance-missiles de Cherbourg et du Sous-Marin Italien Scirè - Par Jean-Louis MAURETTE
Article publié le vendredi 23 janv. 2009
Une contribution de Jean-Louis MAURETTE
Du 22 au 30 octobre 2008, s'est déroulée une expédition subaquatique franco-israélienne dénommée Starboat et destinée à rassembler des plongeuses et plongeurs des deux nations pour aller à la rencontre de quelques épaves historiquement remarquables reposant dans les eaux du pays de Sion. L'expédition visait à explorer des épaves contemporaines en Israël dont certaines appartenant à la fameuse série des «vedettes de Cherbourg», affaire qui avait fait la une des médias du monde entier lors de Noël 1969. - Petit rappel historique : dans les années soixante, l'État d'Israël commande à la France douze vedettes lance-missiles, autant que les tribus des fils de Jacob dans la Genèse. La construction de ces petits navires très modernes est confiée à un chantier cherbourgeois réputé, les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), connus également sous la dénomination de Chantiers AMIOT, du nom de son fondateur Félix AMIOT. La livraison des premiers bateaux s'effectue normalement quand la guerre des Six jours éclate et vient gâcher quelque peu les relations franco-israéliennes alors au zénith. En effet, un embargo est décrété par le général De Gaulle sur les ventes d'armes à destination du petit pays. Alors que l'état hébreu a déjà réceptionné sept vedettes, les cinq dernières se retrouvent bloquées à Cherbourg ! La marine israélienne a un besoin vital de ces navires de combat afin de faire face aux marines égyptienne et syrienne abondamment équipées de vedettes soviétiques puissamment armées des classes Ossa et Komar, bâtiments qui ont fait preuve de leur efficacité en coulant le destroyer israélien «Eilat» le 21 octobre 1967 à l'aide de quatre missiles. Sur You Tub : Une opération secrète est alors mise au point et, profitant de la période de Noël, un commando de marins israéliens en civil embarque dans les cinq vedettes bloquées sous embargo mais dûment payées par Israël. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, alors que les Cherbourgeois guettent le père Noël, ces fleurons de la construction navale française prennent le large silencieusement et disparaissent du port français. Elles arrivent à Haïfa le jour de l'an après une navigation épique sous les applaudissements de la population israélienne. L'affaire est révélée le 26 décembre 1969 et connaît un retentissement mondial, créant un incident diplomatique sans précédent entre la France et Israël. Quelques années plus tard, lors des premières heures de la guerre de Yom Kippour, le 7 octobre 1973, ces douze vedettes permettront à la marine israélienne d'infliger une défaite totale aux marines égyptienne et syrienne lors de la bataille de Latakia, premier grand affrontement naval à avoir vu des combats entre des navires équipés de missiles mer-mer. Ces fameuses «Vedettes de Cherbourg» justifièrent ainsi l'accueil que leur avait fait les israéliens quelques années auparavant à Haïfa. Presque quatre décennies plus tard, la diplomatie a tourné la page et une équipe de plongeuses et plongeurs franco-israélienne est partie enquêter sur cette vieille histoire liant à jamais l'histoire des deux pays. La France était représentée par l'association «l'Expédition Scyllias» avec Jacques Le LAY (cameraman), Claudie Le LAY (éclairagiste) et Jean-Louis MAURETTE (photographe sous-marin). Tous les 3 sont bretons et passionnés d'histoire et d'archéologie sous-marine contemporaine. Ils réalisent régulièrement des reportages photographiques et vidéos concernant les épaves et sites de plongée ayant un intérêt culturel ou historique rare. Depuis 1995, l'association œuvre dynamiquement et efficacement à la valorisation du patrimoine immergé représenté par les épaves contemporaines et diffuse ses explorations auprès d'un large public, français et étranger. L'état hébreu était, lui, représenté par une personnalité de la plongée sous-marine en Israël, Serge FITOUSSI, PADI Course Director et directeur du centre de plongée U-Dive à Eilat. Quant à PADI (Professionnal Association of Diving Instructors), il s'agit de la principale organisation mondiale de plongée loisir. Il était accompagné de son binôme Claire FUZELLIER, également instructrice de plongée. En plus de l'exploration sous-marine d'épaves contemporaines, les participants rencontrèrent lors de ce périple original plusieurs personnalités israéliennes civiles et militaires impliquées de près ou de loin dans l'histoire des célèbres vedettes. Ainsi dès leur arrivée, l'équipe de Starboat s'est rendue à Jérusalem pour s'entretenir avec Claude SITBON, écrivain journaliste francophone renommé, membre éminent du mouvement pacifiste israélien Shalom Archav (la Paix maintenant) et l'un des promoteurs de L'initiative de Genève en 2003. Claude SITBON est aussi l'auteur d'un article réalisé en septembre 2008 concernant l'histoire des Vedettes de Cherbourg, expérience profitable pour le team Scyllias/UDive. Puis départ pour le nord du pays : les plongeurs de U-Dive et de l'Expédition Scyllias se rendent à Nahariya près de la frontière du Sud Liban, afin de plonger sur les épaves de la vedette lance missile Ahi Kidon, le sous-marin italien Scirè, coulé lors de la Seconde Guerre mondiale par les Anglais, et un vieux vapeur dit le Turc dont ils ramèneront de magnifiques images. A Haifa, l'équipée franco-israélienne rencontrera deux anciens commandants de la marine israélienne ayant navigué sur des bâtiments appartenant à cette légendaire série des «vedettes de Cherbourg», le capitaine de corvette Ofer Maharal et l'amiral Shlomo Cohen qui conteront leur expérience militaire à bord des bateaux et introduiront les plongeurs auprès des deux principaux amiraux ayant monté l'opération commando de Cherbourg, voilà presque 40 ans. Mais d'abord, une visite au superbe Musée naval et de l'immigration clandestine de Haïfa s'imposait. Pour l'occasion, l'amiral Nir Maor, directeur du musée, ayant aussi commandé ces bateaux, recevait l'équipe à l'intérieur de la Mivtach, ex «Vedette de Cherbourg» et une des stars de l'établissement. Puis l'équipe allait enfin rencontrer les deux hommes exceptionnels, véritable héros en Israël, ayant directement participé à l'opération de récupération des «vedettes de Cherbourg» : le fameux amiral Hadar Kimchi qui commandait la flottille des cinq vedettes à bord du bateau de tête, la Soufa, et l'illustre amiral Mordechaï Limon, plus connu sous le surnom de «Moka», à l'époque chef d'achat de la mission israélienne à Paris et responsable du projet. Ce fut un grand moment d'émotion pour toute l'équipe de plongeurs de se retrouver face à ces personnages qui ont fait une partie de l'histoire d'Israël. Le team Starboat a ensuite mis le cap sur la Mer Rouge pour plonger sur le sujet phare de l'opération : la magnifique épave de la vedette lance missile Soufa, superbement conservée, reposant par -25m et qui fut explorée sous tous les angles, en extérieur comme en intérieur. Un must ! Pour cette première expédition sous-marine franco-israélienne «l'Expédition Scyllias» et U-Dive ont ramené des vidéos et photographies des épaves citées ainsi que les interviews filmées des personnalités rencontrées. Des reportages disponibles sur Dailymotion : - Vedettes de Cherbourg 1 - Vedettes de Cherbourg 2 Pour les plongeurs, le périple s'est avéré une expérience humaine particulièrement enrichissante confortant l'idée essentielle de cette opération destinée à mettre en avant les bonnes relations entre Français et Israéliens et conforter les liens forts unissant les deux peuples, le tout sur fond de valeurs sportives, culturelles et humaines. Il s'agit là d'une action réellement novatrice que l'équipe espère bien pouvoir renouveler dans le futur avec plus d'ampleur. Les projets franco-israéliens ne manquent pas, la passion pour les animer non plus. L'équipe franco-israélienne a d'autres projets dans ses cartons, dont une action remarquable basée sur un concept original qui permettrait au tandem de relancer l'océanographie populaire de belle manière et d'en devenir le moteur incontournable. Un appel est donc lancé aux Industriels, sponsors ou mécènes désireux de soutenir cette dynamique entreprise et de s'associer à ces expéditions de recherche et d'exploration d'épaves contemporaines à travers le monde. Les photos de Jean-Louis MAURETTE sur l'exploration du Sous-Marin Italien Scirè Les photos de Jean-Louis MAURETTE sur l'exploration des vedettes lance-missile Ahi Soufa et Ahi kidonVedettes de Cherbourg
- Class Sa'ar II - Type : patrouilleur - Longueur : 45 m - Déplacement pleine charge : 250 t - Propulsion : 4 moteur diesel MTU - Vitesse : 40 nœuds - Armement : à l'origine: 1 à 2 canons de 40mm Bofors, de 5 à 8 missiles Gabriel, 1x12.7mm, charges de profondeurs ASM. Après 1970 1 canon de 40mm, 2 missiles Gabriel, 2 à 4 missiles Harpoon, 1x12.7mm, 2 tubes lances torpilles Mk44 et Mk 46, charges de profondeurs ASM. - Équipage : 35 hommes Ces navires intègrent dès l'origine, un système de contrôle de tir pour les missiles Gabriel, plus un système d'arme israélien de lutte anti-missile (brouilleurs et leurres). Avant la refonte des navires dans les années 1970, les Sa'ar II emportent de 5 à 8 missiles Gabriel. Dans la configuration à 5 missiles : deux missiles de part et d'autre du canon de 40mm, puis vers l'arriere 1 canon de 40mm, et 1 lanceur triple Gabriel. Les Sa'ar 1 furent mis à ce standard. Dans la configuration à 8 missiles : le canon arrière était enlevé pour laisser la place à un autre lanceur triple Gabriel. Apres la refonte des années 1970, un des lanceurs triple Gabriel fut enlevé, et remplacé par les missiles Harpoon et les tubes lances torpilles. Tous les navires de la classe Sa'ar II participèrent à la Guerre du Kippour, qui vit la première utilisation en opération du missile Gabriel. Ils paticipèrent aussi à la première Guerre du Liban (1982).Pour contacter Jean-Louis
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