Recherches - Témoignages

Le carnet de route du matelot Hilaire André Wadoux - 6

Article publié le mardi 24 avril 2007

 D'Alger à Alger 

 

Dès le lendemain de notre arrivée, l'entraînement physique et militaire reprend identique au Mourillon et ce pendant une bonne quinzaine . Le peloton est scindé en 3 escouades ( 10 hommes+ 1 gradé).

Une escouade de service au port ( Rondes et surveillance).

Une escouade de service en caserne.

Une escouade au repos.

Pour les 2/3 d'entre nous les journées de repos se passent à la recherche de logement, car si vous n'avez pas de logement, vous ne pouvez pas faire venir votre famille, comme pour Toulon. Mes recherches durent 8 à 10 jours. Je trouve un logement 3 pièces ( rez- de- chaussée) rue Dupuch près du Tournant Rovigo pour ceux qui connaissent Alger. Sitôt les papiers nécessaires en poche, envoi à mon épouse à Toulon.

Une vue partielle d'Alger

    La Place du Gouvernement

 

La Poste     

La casbah

Le 4 Septembre 1942, arrivée de mes 2 femmes: ma Denise et ma Nadine; et je pourrais dire de mon fils bien au chaud dans le sein de sa mère. En effet, mon épouse est enceinte de plus de 8 mois et de ce fait, elle n' avait pas le droit d' effectuer la traversée. L'éternelle roublardise féminine a fonctionné. Une fois à terre, je les emmène au square Besson qui se trouve au- dessus du môle passagers afin qu'elles puissent prendre leur petit déjeuner. Mon épouse ouvre de grands yeux en voyant le garçon leur apporter un chocolat, des croissants des petits pains au chocolat. Rien d'étonnant, le fait d'avoir subi des restrictions cette abondance surprend. Après ce copieux petit déjeuner, une calèche nous emmène "chez nous". La concierge à qui j'ai annoncé notre arrivée se trouve sur le pas de la porte. C'est une Algérienne pure souche qui se fait appeler Alice. Elle nous aide à nous installer. J'ai fait de nombreuses provisions, ce qui ne nous empêche pas le midi d'aller au restaurant. Dans notre rue, il n'y a que des Français, si bien qu'en peu de temps nous sommes entourés d'amis, et vas-y l'anisette!!!

Le 19 septembre, 17 jours après l'arrivée de mon épouse, un peu avant minuit, ma Denise me fait part de douleurs qu'elle ressent. Je fonce au commissariat se trouvant sur le trottoir d'en face et sollicite près du fonctionnaire de service, un taxi. Quelques minutes après, il arrive et nous conduit à la "Clinique des orangers". Pas le temps de faire des préparatifs..... le gamin est à la porte. Pire que les envois urgents ! Donc nous voilà dorénavant à 4 et la vie reprend son cours normal. De temps en temps au cours des conversations avec les voisins des bruits s'échappent évoquant " qu'il peut y avoir un débarquement en Afrique du nord, un débarquement allié".

Dans le courant du mois d'octobre, le bureau du port m'avise que mon père vient d'arriver à Alger. Étant officier mécanicien, les autorités allemandes le recherchent. S'étant mis en relation avec certains de ses collègues navigant entre Marseille et Alger, il est arrivé clandestinement à Alger où on lui a offert un poste de contrôleur des réparations navales.

 

Wadoux père et fils.

La famille s'étant agrandie nous changeons de logement pour nous retrouver au square Ricame, Avenue Malakoff à environ 400 mètres du stade de Saint-Eugène.

Notre service ordinaire reprend: entraînement, rondes sur le port où il nous arrive assez souvent d'entendre parler d'un futur débarquement, malgré que le secret soit bien gardé.

Le 7 Novembre, nous sommes consignés à la caserne. Dans la nuit débarquement des troupes américaines. Dans la journée du 8 novembre ordre nous est donné de rejoindre l'amirauté où nous passons la nuit.

Le débarquement s"est déroulé ainsi.

Quelques combats ont eu lieu à Oran , mais à Alger cela s'est déroulé très simplement.

  

Le débarquementsur le côtes Algériennes

 

  

 Les Américains à Alger

 Au petit matin du 9, à notre grand étonnement, des officiers américains discutent avec des officiers français. Dans l' après-midi nous regagnons notre caserne, consignés à nouveau jusqu'au matin du 11, puis reprise du service normal sauf que chaque gendarme est accompagné de deux M.P (Military Police) américains, pour effectuer des rondes sur les quais. Il faut dire qu'il est débarqué énormément de matériel de guerre et aussi des caisses de ravitaillement, caisses où il n'y a pas que du thé à boire. C'est là que j'ai l'occasion de boire mon premier whisky offert gracieusement par nos compagnons d'escorte qui savent toujours où s'en procurer.

  

Le débarquement du matériel qu'il faudra équiper de l'armement

 

Dans les jours qui suivent, nous sommes habillés et armés en "Américain" sauf la casquette que l'on continue de porter; , ainsi qu'un bandeau marqué d'un "F" sur le bras gauche. Notre armement français: pistolet Ruby 7,5m:m et fusil mousqueton sont échangés contre un pistolet américain et un pistolet mitrailleur Thomson, ou une carabine.

En  G.I

Depuis le débarquement des avions viennent bombarder surtout la nuit et surtout le port en raison de ce qu'il y a sur les quais. J'ai l'occasion de voir plusieurs avions ennemis abattus par la D. C. A, dont un qui tombe en vrille au -dessus du jardin des plantes. Un matin un bombardier italien largue son reliquat de bombes; une tombe dans la cour de l'État-Major; avant d'aller s'abîmer en mer à 5 ou 6 mètres de l'Amirauté.

Pendant un certain temps on nous met à disposition un quartier-maître algérien et 6 ou 8 marins algériens pour empêcher les vols de victuailles. Lors des bombardements de nuit nous devons repérer les impacts sur les quais et téléphoner à la caserne pour les renseigner. Au retour par l'allée centrale d'une ronde au môle Billard nous apercevons un cratère de deux mètres que nous observons une minute ou deux. Nous nous éloignons en nous disant :

"Une bombe qui n'a pas explosé!"

Nous ne croyons pas si bien dire car à 150 à 200 mètres parcourus la bombe explose. Aplatis sur le sol quelques pavés tombent près de nous. Nous l'avons échappé belle ! Puis les jours passent plutôt tranquillement, les allemands ont cessé les bombardements sur Alger.

En novembre 1942, nous apprenons le sabordage de la flotte mais nous ne connaissons pas l'ampleur exacte des dégâts, c'est la venue du sous-marin Casabiance qui nous informe de cet événement.

En décembre 1942, l'amiral Darlan est assassiné et je suis désigné pour faire partie d'un piquet d'honneur à l'occasion de ses obsèques.

A l'été 1943 le calme règne à Alger.

 

 

 

Début septembre 1943, je ne me rappelle plus très exactement la date, une partie de notre peloton; dont je suis; embarque sur le contre-torpilleur "Fantasque" avec armes et bagages( je pense que c'était le 12 ou le 13 septembre). En mer nous sommes rejoints par le "Terrible", le sous-marin "Casabianca" est dans le secteur.

Dans la nuit du 14 au 15 septembre, nous sommes en face du port d'Ajaccio attendant l'ordre de rentrer dans le port à notre grande surprise. La ville a été libérée par les maquisards aidés de quelques italiens révoltés. Une fois débarqués, notre rôle est la surveillance du port. Nous avons des mines à mains que nous devons jeter pour éviter les nageurs ennemis d'être tenter de faire sauter les navires alliés.

Après un mois, un mois et demi, retour à Alger. Reprise de la surveillance du port, les civils et les sorties de camions.

Le peloton P.5 de Bizerte vient nous rejoindre avec le matériel pris aux allemands dont un side-car "Zundap" de 11 cv avec une marche arrière. En fin 1943; je ne me souviens plus du jour exact; après le déjeuner vers 13 heures, une violente explosion nous fait sursauter, il a dû en être de même dans toute la ville. Très vite dehors nous apercevons une énorme colonne de fumée noire montant vers le ciel du côté du môle Billard. Les uns en moto les autres dans le camion nous nous rendons sur les lieux. Désolation complète! Un cargo Italien chargé de munitions et en cours de déchargement vient de sauter. Des morts et morceaux de cadavres jonchent le sol. Ce sont pour la plupart des dockers algériens et l'équipage du navire. Sur le quai il y a un campement britannique, ils procèdent au montage de motos "Norton". Les blessés ne se comptent plus. Un cargo coule près de celui qui vient d'exploser. Un liberty ship en feu est sorti du port, il sera coulé par la suite. Dans un rayon d'un kilomètre, peut-être un et demi, pas une vitre n'a résisté et de nombreuses maisons sont lézardées. Il faut savoir que le port d'Alger se trouve au pied de la ville.

De nos quatre collègues de service, 2 sont blessés, l'un plus gravement que l'autre aux jambes. Notre poste de garde qui se trouve à l'extrémité du môle est effondré. Les ambulances ont du mal à se frayer un passage pour évacuer les blessés. Un renfort de camions américains est nécessaire pour l'évacuation de ces derniers. Toutes les polices sont présentes, M.P britannique , américaine, police et gendarmerie françaises etc. La croix rouge essaye tant bien que mal d' identifier les cadavres. C'est l'horreur. Troncs, bras, jambes, un tas de restes humains. Image que l'on ne peut oublier.

 Un cargo brule.

Le lendemain, en plein midi, alerte contre avions et nous voyons descendre en vrille un avion italien touché par la D.C. A.

En juin nous apprenons que le débarquement en Normandie a été un succés.

Fin juillet une affiche placardée dans le couloir nous annonce notre départ pour le camp de Tafaraoui au sud d' Arzeuw et à l'est d' Oran, et effectivement un soir, nous sommes embarqués dans des camions américains avec armes et bagages.

Arrivés à Oran, notre camion nous débarque dans le port. Un local est mis à notre disposition et nous y restons quelques jours ( 3 ou 4) Liberté de manœuvre sans toutefois sortir de la ville.

Nous couchons dans nos lits de camp américains et, un soir après être allés nous désaltérer en ville mon copain Maurice Gérard et moi -même prenons la position allongée. Il doit être 22 heures ou 22 heures 30, Maurice me secoue en me disant :

-Eh Dédé ! C'est ainsi que l'on me surnomme Tu n'entends rien ?

En effet un léger grésillement parvient à mes oreilles. Saisissant une torche, nous apercevons un superbe scorpion qui se promène sur le sol en ciment. Maurice prend une de ses godasses et aplatit proprement cet anthropoïde dont la queue n'a pas la même position que la notre. Étant donné que je suis moi-même un "scorpion" je prie mon collègue de laisser tomber sa godasse avec précaution pour ne pas subir le même sort. Après 3 ou 4 jours passés à Oran des camions viennent nous chercher pour nous amener à Tafaraoui. Il s'y trouve déjà pas mal de troupes (armée de terre et marine). Plusieurs milliers. Tous les marins sont regroupés en une seule unité commandée par un enseigne de vaisseau. Organisation presque parfaite sauf qu'il y a plus de vin que d'eau. En effet, en ce qui concerne l'eau nous n'avons droit qu'à la valeur d'un casque lourd américain par jour et par homme. Des lavabos sont bien installés mais c'est du goutte à goutte. Des grandes tentes sont montées pour les hommes de troupe elles peuvent accueillir une vingtaine d'hommes. Quant à nous , nous avons dans notre paquetage une demie tente chacun que nous pouvons réunir avec une autre demie et ainsi se retrouver à deux sous le même abri. Il y a de la nourriture et du tabac à profusion ( américains naturellement). Des boites de ration sont distribuées.

Après quelques jours passés à baguenauder, à jouer aux cartes, un beau matin des camions viennent nous chercher et nous emmènent à Oran. Nous sommes le 13 ou 14 août 1944.

Il y a plein de bateaux dans le port surtout des "liberty schip" des cargos américains de 10.000 tonnes.

Nous embarquons sur le "Phelip of Feve". Nous ne savons pas exactement où nous allons aller, en Normandie ou en Méditerranée.

Dans les cales des couchettes sont installées. Elles sont empilées sur 3 niveaux. La chaleur est torride. A la nuit tombante, appareillage. Il nous est interdit de monter sur le pont sauf pour aller aux " Poulaines" et surtout interdiction de fumer. Après une bonne nuit, autorisation d'aller sur le pont boire le "jus". Première vision, nous sommes en convoi. Combien de navires ? Une vingtaine peut-être entourés de plusieurs navires de guerre. Vitesse plutôt lente. A chaque repas distribution de pommes de terre " bleu de chauffe" et de boîtes de ration.

Au fait dans ces boîtes de ration américaines, rien ne manquait : petites boîtes de pâté ressemblant à du corned beef- de l'omelette (en boîte) fromage - beurre -confiture- petits sachets de sel, poivre et moutarde-petites boîtes de café et lait solubles- sucre -un chewing- gum - 2 ou 3 bonbons vitaminés - un carré de chocolat vitaminé - un petit paquet de 3 ou 5 cigarettes, (je ne me souviens plus). Au point de vue hygiène, là non plus rien n'avait été oublié: un petit carré de savon, quelques feuilles de papier que nous, français appelions des " formules torche culatives" et en fin dans un petit sachet de papier une espèce de tube en caoutchouc roulé dans le sens de la longueur, fermé à un bout, créé soit-disant par les britanniques (aucune notice d'emploi ne se trouvait dans les sachets).

Notre convoi continue sa route en longeant les côtes vers l'est et il grossit de quelques unités au fur et à mesure du passage près des ports d'Afrique du Nord, puis la route change et il se dirige vers l'Europe. Le fait du débarquement en Normandie nous devinons notre destination.

Les prévisions de débarquement.

Dans la journée du 15 août il y a des avions par milliers au- dessus de nos têtes, ils partent en direction de la France. Après le repas du soir, ordre est donné de préparer notre paquetage et de rester en alerte. Vers 23 heures des filets sont déployés le long de la coque. Le convoi est en "allure lente. Minuit "stop" et débarquement le long des filets dans les tankers ( barges de débarquement à fond plat, appelées ainsi car on pouvait y mettre un char ) venus s'accoupler au navire. Celle dans laquelle je descends porte une auto mitrailleuse. Sitôt plein, direction la côte dans le noir. Seule l'équipe du tanker doit avoir ses points de repères. Un choc, une glissade, nous voilà sur la plage. De chaque côté d'autres tankers viennent s'échouer. Nous débarquons à pied sec.

Il y a déjà beaucoup de monde et les nombreux bateaux mouillés ne cessent de débarquer.

Quelques lampes s'allument. Des gens moitié civils, moitié militaires s'approchent de notre lieutenant, sans doute pour donner quelques directives; direction la route de Nice nous dit-on. Nous avancions lentement parmi les gravats des villas écroulées par les bombes distribuées généreusement par l'aviation alliée. Nous avons été débarqués sur la plage de Sainte -Maxime. Les zones minées ont été délimitées.

La plage dans la journée.

Nous ne rencontrons aucune résistance. L'ennemi ne semble plus être là. Il ya beaucoup de matériel allemand abandonné.

Après 14 ou 15 kilomètres(difficile d'évaluer), des camions américains nous prennent en charge alors que nous entendons quelques tirs de mitraillettes. Ils nous déposent sur la route de Saint-Tropez. Débarquement et ravitaillement, déploiement des tentes; une pour 2 hommes, repos. On apprend alors que des troupes alliées se trouvent dans le massif des maures. Des allemands sont retranchés au sanatorium de Cogolin donc pas très loin de notre bivouac. Après 2 jours d'attente, Cogolin a été pris par le Nord et le Sud. Par petites étapes notre groupe prend la route de Bormes- les- Mimosas avec quelques petites escarmouches.

Dans les villages il y a peu d'habitants pour nous accueillir. Il n'y a pas d'enthousiasme. Peut-être parce que nous ne sommes pas les premiers à passer.

Un autre groupe prend la direction du Lavandou par la côte. Quelques allemands; il n'y en a plus beaucoup; essayent de retarder le plus possible notre avance, par des tirs de mitrailleuses placées aux fenêtres des maisons abandonnées, mais sans succès. Il y a beaucoup de reddition. Peut-être des volontaires laissés sur place pour retarder l'avance mais qui abandonnent vu l'importance des troupes débarquées.

 

En marche vers Toulon

Par petites étapes à pied ou en véhicule, nous arrivons à Toulon le 26 août dans l' après-midi il me semble. La ville était assiégée depuis 3 jours. Les derniers habitants se sont réfugiés au Mont Faron. Notre groupe est chargé de rentrer par le quai Cronstrad. Visions d'apocalypse. Indescriptible.! Sur le quai il y a un amoncellement de meubles qui dépasse le premier étage. Dans le port de nombreux bateaux sont coulés . Ils sont là depuis 1942. Nous faisons un arrêt près de la porte principale de l'arsenal. A l'intérieur des militaires français gardent des prisonniers allemands.

Le port de Toulon.

Nous reprenons notre marche vers la place d'Armes et nous dirigeons vers l'ouest en longeant l'arsenal. A Bon Rencontre nous apprenons que des tabors qui ont pris la direction d'Ollioules combattent; Nous, nous nous dirigeons vers la Seyne-sur-Mer. Nous croisons des camions américains : G.M.C. qui transportent des prisonneirs allemands vers Toulon. On nous dit que ce sont des tchécoslovaques enrolés de force par les Allemands. En chemin nous sommes rejoints par d'autres unités et nous nous dirigeons alors vers Saint-Mandrier. Arrivés aux Sablettes, stop et demi tour pour notre groupe. Sur le chemin nous nous arrêtons à La Goubran, quartier ouest de Toulon.

Des baraques y ont été montées à la hâte et des prisonniers sont en train de poser des fils barbelés. Autrement dit ; ils s"enferment. Amusant!

Des camions nous prennent en charge et nous mènent dans un bâtiment qui fut ,semble-t'il un hôtel et s'appelle "Palais de la méditerrannée".

Il y a dans la cour des camions chargés de vêtements et de vivres.

Nous sommes à peu près une cinquantaine de marins; officiers mariniers et G.M.L.

C'est ensuite le grand cirque; des douches sommaires sont installées dans une grande pièce. Nous mettons nos objets personnels: montres, porte- feuilles, couteaux et autres dans des petits sacs où sont inscrits nos noms. Ensuite "à poil tout le monde"Tous les effets et uniformes que nous portons sont brûlés, pour cause de bestioles indésirables. En effet à part nos visages et nos mains aucune partie de notre corps n'a pris de contact avec l'élément liquide depuis pas mal de temps. Je fais partie du 12° groupe. Dès la douche prise, distribution de slips , de maillots de corps, et de boîtes américaines " Anti Craps". Puis je me rends dans la "carrée" qui m'est assignée. Nous sommes 2 par chambre et je suis avec qui ? Mon copain Maurice Gérard. Il est assis sur le bord de son lit complètement "à poil",expression mal adaptée car nous sommes maintenant sans poils; En effet comme les petites bêtes ont pris d'assaut la pelouse du bas- ventre chacun de nous se rase avant d'asperger l'objet de toutes nos tendesses et le slip de la poudre qui vient de nous être distribuée.( Dommage que Picasso ne soit pas là).

Retour au rez- de- chaussée pour percevoir de nouveaux uniformes. Pantalon, veste, chemise, blouson, chaussettes et chaussures; Chapeau pour l'intendance américaine. Rhabillés de pied en cap dans la cour où stationnent des camions américains chargés de ravitaillement, boîtes de ration et tabac.

Nous restons plusieurs jours à Toulon où nous faisons des rondes de jour comme de nuit dans l'arsenal où il y a des vols.

Nous sommes appelés à un camp de prisonniers de La Goubran où les Tchèques enrolés d'office dans l'armér allemande se battent avec les allemands. Cette surveillance se fait également de jour comme de nuit.

Les prisonniers Allemands.

Une autre surveillance nous incombe également, celle des prisonners allemands de corvée . Ils doivent remplir des sacs de sable qui servent à la protection des statues car il y a de temps en temps encore des avions allemands qui reviennent bombarder.

Au cours des rondes dans l'arsenal nous découvrons un important stock fait par les Allemands de bouteilles d'eau et de compote .Nous redistribuons la compote aux civils.

Cette surveillance, nous la faisons juqu'au mois de Novembre 1944.

Le retour pour Alger est programmé et je suis le premier désigné en raison de ma situation familiale. Je dois prendre un avion pour Alger mais à la dernière minute, c'est sur le "Fantasque" que j'embarque. En fin d'après- midi nous apercevons les côtes algériennes. Il faut dire qu'à plus de 30 noeuds ça va vite. Grosse déception pas de débarquement à Alger mais direction Bizerte. Le lendemain qui suit notre arrivée, tout le monde torse nu sur le quai et piqûre car il y a une épidémie de peste. Un jour plus tard je suis dirigé vers la caserne de gendarmerie maritime, les "vrais "de Tunis. Puis on m'annonce mon départ pour Alger . Il n‘y a qu'un train de marchandises à wagons plats. Nous sommes tout un groupe et nous ne faisons pas les difficiles. Un jour de plus et nous voilà à Alger après avoir faits des petites haltes dont une à Constantine,célèbre pour les gorges du Rummel.

A suivre ..

Les commentaires

Ecrit par Anonyme
le 2007-10-27 à 11:57:33

Vraiment très bien!