Histoire de la section Doris

Jean BATAILLIE, Marcel GILLIO, Charles BERNARD, membres de la section "Doris", des Dunkerquois sur tous les fronts - Histoire de Guerre 1939-1945

Article publié le jeudi 14 oct. 2004

"Au moment où l'Histoire voit inéluctablement disparaître ses acteurs et leurs témoignages, il est essentiel que nos sociétés européennes qui s'attachent à cultiver la paix, et cherchent à l'imposer lorsque surgit une menace, non seulement préservent pour l'exemple cette mémoire mais se donnent aussi pour mission de l'entretenir régulièrement et collectivement."

CINQ SOUS-MARINS POURSUIVENT LE COMBAT Jean Bataillie, né à Petite-Synthe le 26 mars 1919, élève de l'école des radios de la marine, à Port-Louis, près de Lorient, suivait les cours d'admissi­bilité au grade de second-maître quand les Allemands déclenchèrent leur offensive, le 10 mai 1940. Cinq semaines plus tard, les envahisseurs n'étaient pas loin de Lorient et l'école dispersa ses élèves. - Chevalier de la Légion d'Honneur - Médaillé Militaire - Croix du Combattant avec Palmes - Médaille du Combattant Volontaire de la Résistance - Citation à l'ordre du régiment EMG 3 (REC) Jean Bataillie monta à bord d'un aviso dont la construction n'était pas achevée, La Moqueuse, qui mettait le cap sur l'Angleterre. Elle atteignit Falmouth et se mit en attente. L'équipage et les passagers restèrent à bord jusqu'au 3 juillet. Ils furent alors débarqués et parqués dans un camp de toile à Aintree, près de Liverpool. Invité à choisir entre le retour en France et l'engagement dans la marine anglaise ou celle de la France libre, Jean Bataillie opta pour cette dernière possibilité. Les F.N.F.L. formaient alors des équipages pour les sous-­marins qui s'étaient ralliés au général De Gaulle. Pressenti, Jean Bataillie accepta. Il fut affecté à la Minerve (5 août 1940 au 21 mai 1943), un des deux submersibles (l'autre était la Junon) qui, en grande révision à Cherbourg quand les Allemands approchèrent de cette place, étaient partis en remorque pour Plymouth, le 18 juin 1940. Un troisième sous-­marin, le Surcouf, en réparation à l'arsenal de Brest, avait fait de même, le même jour, marchant sur un seul moteur. Un autre sous-­marin français encore, le Rubis, n'avait pas eu à traverser la Manche pour continuer la guerre contre les Allemands car il était, depuis le 1 er mai 1940 aux ordres de l'amirauté britannique. Il mouillait des mines devant la côte norvégienne. Son commandant, le lieutenant de vaisseau Cabanier, avait décidé de poursuivre ses missions. Enfin, un cinquième sous-marin, le Narval avait quitté sa base en Tunisie pour rejoindre les Britanniques à Malte. Il allait toutefois être coulé le 16 décembre 1940. Affecté sur la Minerve, Jean Bataillie participa à seize missions, pour le compte de la 9éme flottille britannique à laquelle le sous-marin était rattaché. Il resta à bord jusqu'en mai 1943, puis accomplit deux missions sur la Junon (21 mai 1943 au 1er novembre 1944). Du 1er novembre 1944 au 10 mars 1945, le quartier-maître radio Jean Bataillie passa sur le Morse, sous-marin britannique cédé aux F.N.F.L., Jean BATAILLIE termina sa carrière dans la Marine Nationale comme Premier Maître. Le marin gravelinois Marcel Gillio, que l'on a vu sur le Paul-Emile Javary en Norvège, puis ralliant l'Angleterre, s'engagea en juillet 1941 dans les F.N.F.L. A la fin de 1942, affecté à la base des sous-marins à Dundee, il embarqua sur la Junon du 9 décembre 1942 au 9 mai 1944. Le Gravelinois Marcel Gillio, né le 13 juin 1920, embarqua, en 1939, sur le Paul-Emile Javary, cargo de la C.B.Y.N., qui participa aux opérations de Norvège et fut l'un des premiers navires de commerce à rallier la France libre. Marcel Gillio navigua sur un sous-marin des F.N.F.L. - Médaillé Militaire et Croix de guerre 39/45 - Titulaire de la Croix du Combattant - Chevalier de l'ordre du mérite Maritime - Médaillé des Forces Françaises Libres - Titulaire de la médaille commémorative 39/45 Entre autres opérations, les sous-marins français conduisirent à la côte de la Norvège des agents de liaison et des commandos. « Nous devions entrer dans les fjords glacés pour déposer les hommes et leur matériel, expliqua Marcel Gillio. Mais cela ne pouvait se faire que de nuit. Le jour, nous restions en plongée en attente. » La Junon participa aussi à la chasse au Tirpitz. Puis, jusqu'au 10 septembre 1945, Marcel Gillio navigua sur le Rubis. « La vie à bord des sous-marins était pénible, rappelle Jean Bataillie. Nous avions un quart d'eau par jour. Il n'était pas question de se laver. La condensation imbibait vêtements et couvertures. Un jour, nous avons fait l'expérience de tordre une couverture. Il en est sorti un quart de seau d'eau. A bord, c'était la puanteur. Et quand nous étions près de la banquise, la température était glaciale. » Il y avait un chien à bord du sous-marin, a rapporté Jean Bataillie. Dès la rentrée à la base, il descendait à terre et les sous-mariniers ne le revoyaient plus. Mais, quand le submersible s'apprêtait à appareiller, le chien réapparaissait et sautait à bord. Comment le brave compagnon des marins pouvait-il être informé du départ ? Les sous-mariniers n'ont pas trouvé d'autre explication qu'un sixième sens. LE "CASABlANCA" S'ÉCHAPPE Présent à Mers el-Kébir, le 3 juillet 1940, à bord du contre-torpilleur J0lta, Charles Bernard l'était aussi à Toulon le 27 novembre 1942. Ce marin, né à Gravelines en 1922, faisait alors partie depuis quelques mois de l'équipage du Casabianca, l'un des sous-marins qui ne se sabordèrent pas, et échappèrent aux Allemands (et aux Italiens qui, eux aussi, avaient des vues sur l'escadre française). Charles Bernard s'était engagé dans la marine en 1938, pour sept ans, afin d'entrer à l'école des apprentis mécaniciens à Lorient. Breveté méca­nicien de 1 re classe, il embarqua sur le contre-torpilleur Volta qui riposta à l'attaque britannique du 3 juillet 1940, et parvint à sortir de Mers el-Kébir et à gagner Toulon. Charles Bernard passa du Jolta au torpilleur Hardi et, le 17 avril 1942, fut affecté au Casabianca du 14 avril 1942 au 28 février 1944, submersible de 1 500 ton­neaux, lancé en 1935 à Saint-Nazaire, et qui était en grand carénage à Toulon. Commandé par le capitaine de vaisseau L'Herminier, le sous-­marin, après ses essais en septembre 1942, allait appareiller pour Madagascar quand une avarie du système d'embrayage le fit rester sur place. Le 27 novembre, le Casabianca et quatre autres sous-marins forcèrent les filets de fermeture de la base de Toulon et prirent le large, malgré le bombardement aérien. Le Casabianca atteignit Alger. L'Iris alla en Espagne où il resta interné jusqu'à la fin du conflit. Le Marsouin et le Glorieux gagnèrent également l'Afrique du Nord. La Vénus coula ou se saborda, après avoir été éprouvée par des bombes. Le Casabianca qui, sur un équipage de 81 hommes, n'en comptait plus que 35 (dont Charles Bernard), les autres, généralement plus âgés, ayant préféré rester à Toulon compléta son effectif. Après de rapides répara­tions, il fut mis à la disposition des services spéciaux alliés. Il allait jouer un rôle important dans la libération de la Corse et la préparation du débarquement en Provence. L'amiral Darlan remit solennellement la croix de guerre aux trois sous­-marins évadés de Toulon et parvenus en Afrique du Nord. Quelques jours plus tard, des délégations de ces bâtiments assistaient aux funérailles de l'amiral, assassiné le 24 décembre 1942 par un étudiant royaliste, peut-être manipulé par les organisateurs d'un complot. Le général Giraud devint l'interlocuteur privilégié des Américains après la mort du Haut­commissaire en Afrique française. Il rencontra, lors d'une conférence à Casablanca, le 24 janvier 1943, le général De Gaulle qui vint ensuite à Alger. Tous deux coprésidèrent le Comité de Libération nationale durant quelques mois. Puis De Gaulle en prit seul la direction. Charles BERNARD - 5 Croix de Guerre avec Citation - Médaille des évadés - Médaille Commémorative 39/45 - Médaille Militaire - Légion d'Honneur - Fourragère à titre individuel de la Légion d'Honneur CASABIANCA Charles BERNARD termina sa carrière dans la Marine Nationale au grade de Premier Maître Nos sources : - Archives de la section Doris des sous-mariniers de Flandres(Artois de l'A.G.A.A.S.M. - le livre de Serge BLANCKAERT - Dunkerquois sur tous les fronts 1939-1945 Commander le livre ici

Les commentaires

Ecrit par boulard gilbert
le 2016-07-14 à 17:43:38

j'ai 81 ans mon pere etait sur le sous marin iris en 1939