Recherches - Témoignages

C.F.M. de Pont-Réan, la compagnie Duguay-Trouin de juillet à septembre 1952 - Des souvenirs de Jean BOUGER de la section Doris

Article publié le samedi 14 juil. 2007

C.F.M. PONT-REAN LES APPRENTIS MARINS Il y a 55 ans ces jeunes gens étaient volontaires pour découvrir le monde et servir dans une arme qui les faisait rêver "LA MARINE"

 

 

Une arrivée au CFM PONT-REAN ou le centre d'incorporation était appelé "TAHITI" les baraquements portaient le nom de navires découvreurs, LA BOUDEUSE, LA BOUSSOLE, etc... Ce fut le premier contact avec le monde Militaire. L'appel la mise aux normes l'ouverture des valises, éjections des bouteilles vers le caniveau, sourires des gradés et grises mines des contrevenants, habillement, délivrance des couverts, immatriculation de tous nos vêtements, brodequins à clous. Une semaine bien chargé et le summum le "BINIOU" qui nous appelle tous mon Pays, nous met la boule à zéro disons 1 cm devant et rien derrière. Mais qu'importe nous sommes là et heureux d'y être et comme disent les permanents après TAHITI c'est SAIGON et là ce n'est plus la même chanson mais bon pas le temps de souffler la marche au pas en chantant dans l'allée EST avec un maître de cérémonie ZIMMERMANN d'aucun s'en souviennent encore le passage devant le réfectoire deux fois pour nous apprendre a chanter juste et en cadence enfin presque, surtout le jour des frites !! La cour d'honneur là où toutes les compagnies, avec son rituel chaque matin, leur gradés devant le château et son état major assistent à l'envoie des couleurs et cela tout au long de notre séjour. Les séances de tirs, la navigation sur la VILAINE, "qu'elle était belle", l'inspection de sac la semaine de corvée, le lavage du linge, les tours de garde au séchoir avec vérification du matricule de ceux qui venaient récupérer leur linge avec leur plaque d'identité j'en passe et des meilleurs réussir en si peu de temps a former des jeunes à toutes les tâches Militaire Marine et ménagère il faut le faire! Mais aussi les bons cotés avec une sortie à RENNES le repas au foyer du soldat près de la gare, une virée au bal pince c..., la balade au MAILLE une grande avenue bordée d'arbres fier d'être MARIN. Et puis à l'intérieur du CFM le foyer avec sa bolée de cidre à cinq francs anciens, l'étang la pêche aux grenouilles avec un bout de pompon rouge les douves du château les courses à la godille et puis les tests d'aptitudes, les piqûres TABDT "aie...!" le choix d'une spécialité et puis la fin La présentation individuelle au Cdt (un test de plus) le Capitaine de Vaisseau PICHEVIN "si ma mémoire est bonne". La photo au final avec tous les collègues et nos Instructeurs qui m'ont laissé que de très bons souvenirs...... MERCI A TOUS - Jean BOUGER

 

- 1er rang de gauche à droite : Gozic M, Desillas G, Audo C, Ganaye E, Declercq A, Dubois P, Dormoy M, Ledanois J, Poinsot M, Presse M, Sonrel J, Leligot A, Brecha B, Babey M, Idier J, Seys E, Lopez E, Perouze C, Chylak R - 2ème rang de gauche à droite : LV Decha, S/m Vigouroux, Pery R, Letrillard H, Poisson A, Mouden F, Laplaige J, Melec C, Pelzak M, Launay N, Legendre P, Corfa C, Bouger J, Tonnerre R, Lucas C, Hamon D, Cardia R, Guillard D, Lecacheur P, S/M Dutertre, Mtre Renier, S/m Guerin - 3ème rang de gauche à droite : PM Kerninon,Forestier M, Allain Cde, Petitbon M, Fraboulet C, Antoine P, Hechon M, Begoc H, L'hostis Y, Le Corre J, Raoul P, Marinier J, Le Goff F, Deuffic A, Barrera P, Rolland Y, Dermineur J, Cornic R, Queffelec Y, Parfait Y, Lemaitre A - 4ème rang de gauche à droite : Schwalm A, Rousso P, Lastenet J, Merlin E, Guillou A, Dussaux R, Tremblay J, Zimmermann A, Meheux R, Bassinot A, Goupé E, Cabioch M, Mulleman A, Col Ulysse, Favre J, Rolland J, Gidenne R, Martin P - 5ème rang de gauche à droite : Jegu M,Gaudin R, Locuillette, Gadois G, Gapet J, Guyon G, Landel M, Françoise J, Bonnard R, Guérif J, Derogy J, Masson J, Chauvel J, Lepommelet J, Guennoc L, Legendre Marc

Les commentaires

Ecrit par M L COUDRAY-COSSON
le 2020-10-28 à 18:59:29

Bonjour,
Mon père aurait fait ses classes ( avant de partir pour l'ile du Levant dans le Var ) dans cette base navale de Pont Réan !
COSSON HENRI Né le 11/11/1934

Ecrit par Dubosq
le 2018-01-01 à 16:56:42

Bonjour

Mon grand père était incorporé dans la compagnie Duguay trou in cession octobre novembre 1952
Il a ensuite était affectė sur un dragueur de mine sous le nom de "sénégalais" direction la baie d'halong

Cordialement
Alexis Dubosq

Ecrit par nicolas jean-pierre
le 2015-02-27 à 13:07:10

je suis arrivé a pont réan en juillet 1955.j\\\'en garde un souvenir exceptionnel.Surtout la manoeuvre des baleiniére sur la vilaine.C\\\'était une entrée de qualité dans la marine :le site La progression tahiti , saigon les piquets de garde a la gare de rennes (fiers comme artaban).Le chant très martial que nous entonnions en nous déplaçant (ah si j\\\'étais belle alouette grise) Ce nest pas de la nostalgie de vieillard mais de vreis bons souvenirs. Nicolas Mle 3073t55

Ecrit par DELAETER Jean-Luc
le 2015-02-02 à 10:54:37

nous nous faisons le relai de la pétition pour sauver la Domaine de La Massaye http://www.sous-mama.org/petition-pour-sauver-le-domaine-de-la-massaye-blog-940.html
Le webmestre

Ecrit par Youri
le 2015-02-01 à 21:52:56

Bonjour à tous,
Vous avez sans doute séjourné à La Massaye. La municipalité actuelle décidé d\'y faire un lotissement oubliant qu\'il s\'agit d\'un lieu de mémoire de notre histoire nationale.
L\'association de sauvegarde de la Massaye diffuse une pétition sur internet contre le projet de ZAC. Aidez nous en la signant.
http://www;petitions24.net/il_faut_sauver_le_domaine_de_la_massaye
Merci à vous

Ecrit par AMOURET
le 2014-12-09 à 17:00:33

Bonjour et respect aux anciens, mon papa est DCD en 1957, je suis né en 1956, je n'ai donc pas connu mon père, je cherche ses passages. Je sais qu'il est entré en tant que Matelot à PONT REAN, le 17 07 1951 il a semble t il navigué sur le Dugay Trouin. Je recherche des photos de lui, des photos du CFM de Pont Réan... Je compte sur vos connaissances. Bien à vous cordialement daniel amouret

Ecrit par AMOURET
le 2014-12-07 à 18:47:08

Bonjour Mon papa Pierre Marie AMOURET fut inscrit au CFM de Pont Réan le 17 juillet 1951, je recherche des infos, ou documents sur cette période surtout les camarades qu'il a pu cotoyer, mon père est DCD en 1957, je ne l'ai pas connu d'où mon empressement du moment. Je suis né en 1956 Merci à tous

Ecrit par Cotigny Gérard
le 2014-08-17 à 18:50:08

Merci à tous ceux qui ont eu la bonne idée de ressortir ces vieux souvenirs de leur sac, tout ce qui a été dit est la vérité, je l\'ai vécu. Laver les assiettes à l\'eau froide à la rampe à l\'extérieur du réfectoire au mois de janvier par _10....çà dégraisse!!! Je suis arrivé la première semaine de janvier 1957, comme l\'a très bien décrit le collègue plus haut, l\'arrivée à \"TAHITI\", la fouille à la descente des \"P45 CITROËN\", les bonnes bouteilles bien cachées au fond de la valise n\'ont pas eu droit à \"l\'incorporation\"... TAHITI et SAÏGON étaient pendant la guerre un camp allemand dont la disposition était bien faite avec la chapelle au bout de l\'allée centrale que bordait les baraques en bois des Cies. Je me souviens du tir au Lebel dans la carrière, les tours de gardes à l\'entrée avec ce fusil baïonnette au canon...le tout d\'une longueur...et d\'un poids! Après ce séjour dans ce \"Club MED.\" un antre club SIROCO ou les \"JO\" étaient moins décontract, puis la DBFM et enfin la Marine. J\'ai eu l\'occasion de repasser à PONT REAN, qui est devenu un centre pour personnes âgées. (pour des anciens du CFM peut être ?.....) Mes amitiés à tous et bon vent.

Ecrit par Perola Marie josephe
le 2014-02-27 à 19:40:23

Mon Mari Michel Pérola a fait Pont Rean du 27 10 1952 au 31 01 1953 . Malheureusement il est décédé. Je me suis plongée dans ses souvenirs pour laisser de lui et de toute cette vie si riche à ses petits enfants une leçon de courage. Il a fait ensuite l école des fusiliers marins le CIOA, DNEO, L école des Nageurs de combat, Le commando Hubert.Si l'un de vous le connaissait et aurait qques photos , , ,merci à l avance

Ecrit par bleriot
le 2013-11-02 à 16:26:38

je viens de decouvrir le site. J'ai embarqué à Pont rean le 10 Mars 1949. Loin des idées que l'on avait de la marine. Mais une fois sorti ,on ne pense qu'aux bons moments. Si un ancien veut une photo de l'entrée principale de Pont Rean....faites signe

Ecrit par Robert CHYLAK
le 2013-05-13 à 20:09:18

Je viens de découvrir ce site en ayant la bonne surprise de voir cette photo dont je possède encore l'original. Je me trouve au premier rang à l'extrème droite. La suite c'était chauffeur sur le Montcalm.

Ecrit par Anonyme
le 2008-11-28 à 22:39:59

bonjour je suis un ancien de la 24F à Lann Bihoué en passant par Martrou à Rochefort et le CFM Hourtin

le domaine de la MASSAYE à PONT REAN VA ETRE VENDU ..... j'habite à quelques mètres et nous avons créé une asso pour defendre la mémoire des lieux

si vous avez des photos.... ou d'autres récits ou si vous avez envie de rejoindre notre asso voici mon adresse Patrick STUTZINGER 27 rue de Louvain Pont-Réan 35580 GUICHEN
Pstutzinger37@aol.com tél 0299422773
d'autre part, pouvez vous nous donner l'autorisation de montrer les photos en expo

remerciements

Ecrit par Lucien DAYAN
le 2008-11-21 à 00:36:11

J'ai été incorporé au CFM PON-REAN le 15 12 56 et bien entendu comme beaucoup accueil à la gare de Rennes transport en camion bâché Citroën, arrivé à TAHITI et, la saison aidant appel et contre-appel toujours en civil sous cet incomparable crachin de notre Bretagne...le 2ème jour "faites un paquet de vos vêtements civils ficelle (non bout) adresse et mis en tas. Ma femme m'a dit avoir reçu le paquet un mois plus tard avec des champigons ? Et c'est la vie de chateau à Tahiti rien d'original lever appel Ah! si la toilette en bout de baraque sans fenêtre avec une espèce de mangeoire positionnée un peu au dessus de genoux et des robinets à hauteur de la poitrine...eau froide bien entendu...qui gicle dans le fond de la mangeaoire éclaboussant le ventre et le zizi au mois de Décembre plus courant d'air "inhumain" et dire que c'était Tahiti ...le ju... le "coiffeur" qui devait faire de nous des arbitres de l'élégance. Son truc c'était de couper tout ce qui pouvait dépasser du bachi...a l'habillement il y avait un second maître charpentier qui avait des pouces comme des cuisses de poulet donc la taille du bachi c'était le tour de tête + son pouce C'est dire que lorsqu'on tournait la tête le bachi lui restait en place et la tête tournait, difficile pour les gradé de savoir quelle direction nous avions. Ah! il y avait aussi un coin spécial les "chiottes" à la turc naturellement mais des chiottes vicieux...à un tythme non définis les chasses se déclanchaient...bon vous voyez le tableau...empétrés que nous étions dans le pantalon treilli en toile gris bleu à pont et surdimentionné pour pouvoir avoir une tenue de drap en dessous...quand c'était ordonné. Le réfectoire il y avait de grande tables haillées de zinc..un peu cabossé...garsse à souhait..car à la fin du repas ceux de corvée foutaient un grand coup de balais pour faire tomber les morceaux de pain, le vin renversé et les diverses sauces figées...Ah ! j'oubliais....les fonds d'assiettes devaient être vidées dans une garnde auge...pour nourrir les cochons qui étaient élévé...donc on vidait les gamelles sous la surveillance d'un S.M chargé de veillez à ce qu'il n'y ait pas d'emballage de vache qui rit il parait que les cochons ne digéraient pas...Il y avait aussi...au "Chateau" des paons qui braillaient "Léon, Léon" le jeu consitait à leur piquer des plumes je dois en avoir une à la cave dans mes affaires...bien sur aussi les douves où nous apprenions à godiller...mais nous inscrit maritimes ça nous faisait rigoler...il y avait un endroit formidable le cinéma de véritables oubliettes car planqué entre les sièges on pouvait "buller"...je dois bien avoir une ou deux photo...je les enverrai à Jean-Luc...voila aprés ce fut le Cap Brun l'école des timoniers, l'embarquement sur la "Dunkerquoise"..Aout 57 fort de Querqueville, Chalon s/ Marne et la frontière Tunisienne tout en bas pour fermer la frontière en attendant que le réseau éléctrifié soit construit...ce qui fut fait en Octobre 58 alors en attendant "on ne passe pas".. 1ère. citation, 2ème citation...3ème fois... le Matelot Timonier que j'étais est promu d'office au garde de QM2 Puis Décembre 58. retour en France...escale à la Pépinière le temps d'attraper des morpions...affectation à Houille-Carrière...aux documents secret (normal j'étais Tim...rendu à la vie civile le 5 Mars 59 Voila mon périple tout ça bien loin de Pont-Réan...ça fait 51 ans...que je franchissais le portail de ce haut lieu de villégiature...mais c'était le bon temps...salut aux marins...aux vrais
Ah ! j'oubliais le chant de la Cie c'était "Chantons pour passer le temps"...un vrai chant guerrier...avec ça on était clairs.

Ecrit par Prenat
le 2008-11-02 à 17:15:46

je m'appelle Prenat jean claude,née le 24 02 1935,mon matricule 4179T52 .
La lecture de ces souvenirs me rappelle exactement mon passage en formation à Pont Réan,le départ de la caserne( la Pépinière) le train Gare du Maine et l'arrivée en gare de Rennes ou un planton et un second maitre fusilier nous attendaient pour nous prendre en charge et embarquer dans les camions du centre.Je me rappelle la première nuit dans une baraque qui devait avoir un nom,mais je ne sais plus lequel,donc ce soir là avant le couvre feu il y avait dans le lot des bleus que nous étions, des Parisiens qui cherchaient la bagarre,et avaient organisé une rencontre de boxe à l'abri des regards de nos surveillants,mais ceux -ci ayant entendu le bruit et les éclats de voix,se pointèrent,et le problème fut vite réglé ,marche en canard pendant une bonne demie heure vers 23 heures,et le lendemain bromure pour tout le monde,la nuit suivante fut nettement plus calme. Oui il y avait le soir la bolée de cidre à 5 francs anciens,nous faisions la queue pendant un quert d'heure pour en avoir.je crois bien que ma compagnie était "Duguay -Trouin"mais je n'en suis pas sur, les sorties à Pont Rean n'avaient rien de folichon,car c'était le bled ,meme pas un cinéma,alors c'est là que j'ai découvert le bon cidre bouché. le dimanche nous prenions place dans le camion qui nous emmenait à Rennes,on mangeait au foyer place du Colombier pour pas cher et je trouvais les frites excellentes.Sur cette place du Colombier,nous avions fait une prise d'armes pour le 14 juillet,il faisait très chaud et nous portions encore la tenue" bleue drap",aussi pendant la remise des décorations nous présentions les armes sans broncher ,baîonette au canon sur des fusils courts,les mousquetons,¨j'ai vu autour de moi des copains qui tombaient évanouis ,le "présentez armes"avait duré plus d'une demie heure,avec cette chaleur çà devenait inssuportable ,la tenue d'été aurait été la bien venue.
Je me souviens aussi,une nuit dans notre baraquement nous avons été attaqué par des rats gros comme des lapins,tout le monde et sorti en courant,et certains avaient été mordus qui au nez d'autre à la main,le lendemain il y a eu dératisation en règle.
Notre capitaine de compagnie ,nous l'avions surnommé le capitaine Kiwi à cause du cirage de même nom il n'en voulait pas un autre,à croire qu'il avait des interrêts dans la fabrique . Quand nous marchions au pas cadencé,il nous faisait chanter et siffler un peu à la manière des soldats allemands.pour le reste tout est conforme à ce qui a été décrit dans"mon passage à Pont-Réan " Ce centre a été fermé je ne sais plus en quelle année. pas étonnant que les jeunes de maintenant n'en aient pas connu l'existence. Bien amicalement JCPrenat

Ecrit par André Vanderbruggen
le 2008-09-12 à 11:52:48

André VANDERBRUGGEN maticule 1537 T 48 EV 5 ans

Seule la Marine nationale, rien que le mot fait rêver, engageait ses marins à partir de dix-sept ans révolus. J’ai donc, avec l’accord écrit de mon père, signé un engagement volontaire pour une durée de cinq années consécutives.
Le 15 mai 1948, je n’avais que dix-sept ans et trois mois et demi lorsque, dans mon costume gris, je pris le train, muni d’un titre de transport militaire qui me permettait de voyager gratuitement pour aller à Rennes. Arrivés à destination, des camions militaires nous attendaient pour nous mener quinze kilomètres plus loin à Pont-Réan, au Centre de formation maritime. Le processus d’incorporation me rappelait bizarrement le rapatriement des prisonniers en 1945. C’était pratiquement pareil. L’appel et la vérification d’identité, puis la douche. C’est un moment qui marque. La première opération consiste à se déshabiller et prendre une bonne douche qui, ma foi, est la bienvenue après une journée de voyage en train de l’époque, c’est-à-dire à vapeur et au mois de mai. La bonne surprise est de découvrir sur un banc hors de la douche une serviette éponge blanche très volumineuse, type américaine, puis une paire de chaussettes fines, noires, un caleçon de coton rude, un tricot rayé, un jersey en laine et une assiette en fer accompagnée d’une cuillère et d’une fourchette, le couteau devant être personnel et ne faisant pas partie du sac, n’était pas fourni.
Ayant revêtus rapidement ces premiers effets militaires, nous nous sentions moins nu. Le reste nous attendait sous forme d’un tas pyramidal d’un mètre de haut, de bleu de chauffe et de tenue de drap, le tout de récupération et bien entendu sans bouton. A nous le système « D » et les épingles de sûreté.
Quant aux chaussures, elles étaient réduites à des sabots de bois qu’il fallait appairer à sa pointure. Moi le parisien qui n’en avait jamais portés, je n’étais pas à mon aise, mais il n’y avait pas d’autre solution dans l’immédiat
Habillé de cet ensemble, retour aux vêtements civils dont il faut vider les poches, récupérer les effets personnels, portefeuilles, stylo, mouchoir etc. et faire un paquet du reste qui sera renvoyé à la famille par les soins du Centre de formation. Moi, j’ai choisi dans la précipitation de faire renvoyer mes affaires à ma sœur Raymonde, d’ailleurs, précipitation ou pas, je n’avais pas d’autre adresse à qui confier ce reste de vie civile. C’était une bonne chose de faite.
L’heure tourne et le ventre se creuse. Notre chef de service, un second maître, nous emmène au réfectoire où un copieux repas nous est servi avec une boule de pain toute fraîche.
Après cet excellent repas, une vilaine chose nous attendait… Le coiffeur qui, voyant nos coupes de cheveux longs et bien brillantinés, eu vite fait de ne nous laisser que des souvenirs de nos coiffures. Après son passage dévastateur, il ne restait plus que quelques millimètres de cheveux sur nos cranes quasiment rasés. Quelle honte ! mais lui était content, comme il disait : « Ca fait plus propre. »
Ensuite nous avons fait connaissance avec ce qui allait devenir notre vie pendant toute notre incorporation, c’est-à-dire notre baraquement en bois comprenant de part et d’autre de l’allée centrale une rangée de quinze à vingt lits superposés et, au fond, un lavabo commun en forme d’abreuvoir et alimenté simplement par un tuyau horizontal en acier, percé d’un petit trou tous les cinquante centimètres environ. Eau froide bien entendu, la marine n’est là que pour former des marins. Cet ensemble servait aussi bien à laver l’homme que son linge.
Après une bonne nuit de repos qui se termine quand même vers les six heures du matin et doucement réveillés en musique par le clairon. Ca dépayse ! C’est le lever et commence pratiquement la première journée militaire. Décrassage de l’homme et présentation devant la baraque. Avec le recul, ce premier contact était doux.
Placé dans la compagnie d’incorporation quartier d’un nom enchanteur de « Tahiti », nous avons été mis en isolement total pendant quinze jours, avec la seule possibilité de n’envoyer qu’une seule lettre à sa famille.
Nous avons tout appris en quelques jours, à marcher au pas, en chantant, tous ensemble et en même temps. Cela n’a pas toujours été facile, certains appelés du contingent n’y mettant qu’une contribution relative, c’était le pot de terre contre le pot de fer, notre second maître instructeur ne nous menait au réfectoire que lorsque l’accord n’écorchait plus ses fines oreilles.
Lors du maniement d’armes, présentez arme, reposez arme, arme sur l’épaule, en avant marche, un deux. C’est là que tout se complique, les fusils, type « Lebel », dont la fabrication remontaient à la guerre de 14-18, mesuraient plus d’un mètre et donc plus difficiles à aligner. Il ne fallait pas porter un fusil comme une fourche ou un fagot, il fallait que tous soient alignés dans le sens des rangs aussi bien que celui des colonnes, comme à la parade. Après un tel entraînement, on apprécie à leur juste valeur les défilés impeccables du 14 juillet.
Là, c’était pareil, la route du réfectoire ne nous était ouverte que lorsque nous étions fins prêts pour le défilé. Ces exercices se faisaient bizarrement toujours le matin, comme par hasard juste un peu avant l’heure du réfectoire et le cuisinier pas foncièrement mauvais n’allait quand même pas nous attendre éternellement. Il nous fallait donc y mettre un peu de bonne volonté si nous ne voulions pas sauter un repas. Le message était clair, même très clair, surtout qu’à notre âge, il n’y avait pas de reste dans les assiettes.
Autre discipline chaque jour, matin et soir, c’était la montée et la descente des couleurs. Tous les militaires disponibles assistaient à cette cérémonie.
Puis vint le moment des piqûres contre la typhoïde, la diphtérie, le tétanos. Ce cocktail savamment dosé rendrait malade un cheval en très bonne santé alors que dire d’un apprenti marin pas encore aguerri à toutes ces pratiques. Personnellement, j’ai été malade avec une forte température pendant deux jours, exempté de service, ce n’était pas de trop, l’épaule au niveau de l’omoplate était déformée par une énorme boule douloureuse au toucher et même sans toucher. Enfin, c’était certainement efficace puisque, après plus de deux ans en Indochine, je n’ai attrapé aucune maladie.
En 1948, plus exactement au mois de juin, des prisonniers de guerre allemands étaient encore au service du Centre de formation pour des besognes bien précises et, le soir, ils regagnaient leurs baraques sous bonne garde. La bonne garde, c’était nous, armé d’un ceinturon et d’une baïonnette, on ne risquait pas de leur faire peur et eux ne risquaient pas de s’enfuir, ils étaient à cette époque mieux chez nous que chez eux. Enfin, cela a duré jusqu’au moment où j’ai changé de compagnie pour être affecté à la compagnie Duquesne, celle qui formait les militaires et marins de surcroît.
Tout d’abord, la marine nous apprend à obéir pour mieux servir le pays. « Un ordre s’exécute sans discussion ni murmure », « Honneur et Patrie », « Valeur et discipline ». Ces phrases sont le résumé de la valeur militaire. Et seulement, seulement après, on comprend mieux pourquoi un militaire accepte toutes les missions qui lui sont confiées jusqu’au sacrifice suprême. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls à partager ces idéaux : les pompiers, les sauveteurs en mer ou en montagne en font partie et j’en oublie, mais la discipline est la force principale des armées.
Je suis sûr que parmi nos concitoyens, nombreux sont ceux qui développent inconsciemment ces mêmes valeurs mais qui n’osent pas les exprimer ouvertement.
Après la formation militaire, vint la formation maritime. Dans le Centre de formation maritime, il y avait un avant de bateau militaire reconstitué pour l’instruction et posé sur l’herbe, là au moins il n’y avait pas de risque de mal de mer, on y trouvait à bord la plage avant et tous ses accessoires, bossages, canon etc. ainsi qu’une passerelle de navigation qui donnait un léger aperçu de la réalité. Nous y avons appris les nœuds, tous les nœuds de matelotage, la théorie des armes, réduite à sa plus simple expression par l’entraînement avec un fusil Lebel. Pour le tir sur cible, c’était un bon fusil qui pouvait faire mouche avec la hausse si ma mémoire est bonne à quelques huit cents mètres, et peut-être plus.
La manœuvre se poursuivait par un embarquement sur une baleinière, grande embarcation qui nous permettait de naviguer sur la Vilaine et sur laquelle notre second maître nous apprenait à « ramer » ou plutôt à « nager » car, dans la marine, il n’y a pas de rame, il n’y a que des avirons, là aussi, tous ensemble et en même temps, notre intérêt y trouvait son compte sachant qu’un coup d’aviron dans le dos ne fait pas de bien. Bref, on apprend très vite à nager ensemble et au doux son du sifflet de notre chef.
C’est aussi sur la plage avant du bateau école que je compris toute la grandeur de la marine et que l’envie du large se fit sentir rapidement.
Elle me permettait de voyager dans ma tête de par les mers, toutes les mers et les continents. En conséquence, il fallait que je voyage et dans les meilleures conditions.
Passés les examens de contrôle d’instruction cotés de 1 à 6 ou 7, il s’est révélé qu’avec une note de 4, je pouvais choisir parmi plusieurs spécialités. J’ai choisi celle de maître d’hôtel qui, à mes yeux de l’époque, m’apporterait pendant les voyages le plus de confort et aussi peut-être d’argent.
En conséquence, j’ai quitté la compagnie Duquesne pour être affecté à la compagnie Jean Bart. Pendant trois mois, mes chefs m’ont enseigné les cours théoriques tant sur le service de la table que des vins, du bar, des achats et aussi de l’intendance du carré des officiers, puis les cours pratiques, le service en salle, la table et en règle générale son environnement et puis tout ce qui était hors cuisine, bar, café, petit déjeuner, etc. un enseignement digne d’une école hôtelière.

Ecrit par Anonyme
le 2007-09-10 à 18:40:42

Jean, voilà que tu me fais rêver de Tahiti ! mais au fait c'est où Pont Réan ? le moussaillon YM

Ecrit par Lucien DAYAN
le 2007-07-15 à 23:37:49

J'ai été incorporé à Pont Réan le 15 Décembre 1956...j'ai connu Tahiti, les chiots à chasse automatique le Chateau du Pacha, et le paons qui criaient "Léon" et qui n'avait plus beaucoup de plumes à la queue, les douves où nous allions godiller, la salle de cinéma qui connue des "bulles"mémorables, les cuisines et l'aviron qui servait à touiller les fayots..ah! j'allais oublier: l'auge où nous versions les restes des repas...trés surveillée par un S/M por qu'il n'y ait aucun emballage de vache qui rit ou chocolat...et la corvée des mêmes auges à vider pour les cochons que la Marine économe élevait. J'ai aussi fait le mur pour attérir au seul bistrot de Pont Réan city...où bien entendu nous retrouvions...devinez...nos instructeurs je vous laisse deviner la suite...21158T56... Aprés ce séjour de rêve...le cours de timonier au Cap Brun...puis tim sur la DUNKERQUOISE à Cherbourg...enfin l'Algérie. Vive la Marine....Salut les Matafs...